Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
CRÉATION PAR LOI.

avec le reste de la nature, et aussi bien conformée pour prolonger son existence, que le sont aujourd’hui le canard et la mouette ; sinon, elles n’auraient jamais été produites par la sélection naturelle.


Que les formes intermédiaires et douteuses des animaux éteints sont une preuve de transmutation ou de développement.


L’erreur que nous venons de signaler met en lumière un autre point souvent négligé et qui est très-important dans la théorie de M. Darwin ; c’est qu’aucune forme actuelle ne dérive d’une autre encore existante, mais que l’une et l’autre descendent d’un ancêtre commun, différent de toutes deux, mais dans ses caractères essentiels, intermédiaire entre elles. L’exemple du canard et de la mouette est par conséquent mal choisi, car l’un de ces oiseaux n’est pas dérivé de l’autre, mais tous deux le sont d’un ancêtre commun. Ce n’est point là une simple supposition, imaginée pour appuyer la théorie de la sélection naturelle, c’est un principe basé sur un certain nombre de faits incontestables. Si nous remontons dans le passé, nous rencontrons les restes fossiles d’un nombre toujours plus grand de races aujourd’hui éteintes, et nous voyons que beaucoup d’entre elles étaient intermédiaires entre des groupes d’animaux actuels. Le professeur Owen insiste souvent sur ce fait : il dit dans sa Paléontologie, p. 284 : « Les reptiles éteints nous offrent l’exemple d’un organisme vertébré moins spécialisé, dans les affinités des