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DÉVELOPPEMENT DES RACES HUMAINES

avons là une donnée très-importante sur la question de l’origine des races. Car il s’ensuit que les grandes modifications d’organisation et de forme extérieure, qui de quelque type animal inférieur ont fait sortir l’homme, ont dû se passer avant que son intelligence l’eût élevé au-dessus de la brute, à une époque où il vivait en troupes, on peut à peine dire en société, où son esprit était capable de perception, mais non de réflexion, où le sens du droit et la sympathie n’étaient point encore éveillés en lui ; comme tous les autres organismes, il était alors soumis à la sélection naturelle, qui maintenait sa constitution physique en harmonie avec le monde.

L’homme formait probablement, à une époque très-reculée, une race dominante, très-répandue dans les régions chaudes du globe tel qu’il était alors, et, comme nous le voyons chez les autres espèces dominantes, il se modifiait graduellement d’après les conditions locales. À mesure qu’il s’éloignait de sa patrie primitive, et se trouvait exposé à des climats extrêmes, à des variations dans sa nourriture, à des ennemis nouveaux appartenant au monde organique ou inorganique, de légères variations utiles dans sa constitution étaient rendues permanentes par la sélection, et, d’après le principe de la corrélation de croissance, étaient accompagnées de changements correspondants dans sa forme extérieure. Ainsi ont pu prendre naissance les caractères frappants et les modifications spéciales, qui distinguent encore les principales races : la couleur noire, rouge, jaune ou rosée de la peau, la nature bouclée, raide ou