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PAR LA SÉLECTION NATURELLE.

laineuse de la chevelure, l’abondance ou la rareté de la barbe, la direction horizontale ou oblique des yeux, les formes diverses du pelvis, du crâne et des autres parties du squelette.

Mais, pendant que ces évolutions s’accomplissaient, le développement intellectuel avait, par une cause inconnue, progressé beaucoup et atteint le point où il devait commencer à influencer l’existence tout entière, et subir lui-même, par conséquent, l’action irrésistible de la sélection naturelle. Celle-ci a dû bien vite donner la prépondérance à l’esprit ; c’est alors qu’a dû commencer le langage, ouvrant lui-même la voie à un développement toujours croissant des facultés mentales ; dès lors, l’homme physique devait demeurer presque stationnaire. L’art de faire des armes, la division du travail, la prévision de l’avenir, la répression des appétits, les sentiments moraux, sociaux et sympathiques, exerçant une influence déterminante sur son bien-être, devaient être soumis au plus haut degré à l’action de la sélection naturelle, et, si l’on admet cette théorie, l’on explique la persistance étonnante des caractères purement physiques, qui a été jusqu’à présent une pierre d’achoppement pour les défenseurs de l’unité de l’espèce humaine. Nous pouvons donc maintenant concilier les opinions contradictoires des anthropologistes à ce sujet. L’homme peut, il doit même à mon sens avoir été une race homogène, mais cela, à une époque dont il ne nous reste aucune trace, à une époque si reculée dans son histoire, qu’il n’avait pas encore acquis ce merveilleux cerveau, organe de l’intelligence, qui même à l’é-