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APPLIQUÉE À L’HOMME.

connaissons des crânes d’Esquimaux mesurant 113 pouces cubes, soit presque autant que les plus grands crânes d’Européens. Mais, ce qui est plus curieux encore, c’est que les quelques débris aujourd’hui connus de l’homme préhistorique n’indiquent aucune augmentation appréciable de la cavité cérébrale depuis ces temps reculés. Un crâne suisse de l’âge de la pierre, trouvé dans les palafittes de Meilen, correspond exactement à celui d’un jeune Suisse d’aujourd’hui. La circonférence du fameux crâne du Néanderthal était au-dessus de la moyenne, et sa capacité, indiquant le volume du cerveau lui-même, était de 75 pouces cubes, ou à peu de chose près, la moyenne des crânes actuels en Australie. Le crâne d’Engis, peut-être le plus ancien aujourd’hui connu, et qui d’après sir John Lubbock, « fut incontestablement contemporain du mammouth et de l’ours des cavernes, » est cependant, selon le professeur Huxley, « un crâne d’une bonne moyenne, qui pourrait avoir appartenu à un penseur, ou avoir contenu le cerveau inintelligent d’un sauvage ». Le professeur Paul Broca dit en parlant des hommes des cavernes des Eyzies qui furent certainement contemporains du renne dans le midi de la France : « La grande capacité du cerveau, le développement de la région frontale, la belle forme elliptique de la partie antérieure du profil du crâne, sont des caractères incontestables de supériorité, tels que nous sommes habitués à les trouver chez les races civilisées » (Mémoire lu au Congrès d’archéologie préhistorique, 1868) ; et cependant la grande largeur de la face, l’énorme déve-