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LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE

chimpanzé, le gorille et l’orang, et de voir s’il existe une relation proportionnelle entre le cerveau et l’intelligence.

Étendue des facultés intellectuelles de l’homme. — Il nous faut tout d’abord considérer de quoi est capable cet admirable instrument, le cerveau, arrivé à son plus haut point de développement. M. Galton, dans son remarquable ouvrage sur l’Hérédité du talent[1], fait remarquer l’énorme différence qui existe entre la puissance et la portée intellectuelle d’un savant ou d’un mathématicien exercé, et la capacité moyenne des Anglais. Le nombre des points obtenus par les lauréats en mathématiques dans les universités anglaises, est souvent plus de trente fois supérieur à celui des derniers candidats couronnés, qui sont cependant encore dans la bonne moyenne ; et des examinateurs expérimentés disent que cette différence ne donne pas même la mesure exacte de celle qui existe dans les facultés des individus. Si nous descendons maintenant jusqu’aux tribus sauvages qui ne savent compter que jusqu’à trois ou à cinq, et sont incapables d’additionner 2 et 3 sans avoir les objets devant les yeux, nous trouvons entre eux et un bon mathématicien une différence telle, que la proportion de un à mille l’exprimerait à peine. Nous savons cependant que le volume du cerveau pourrait être le même dans les deux cas ou ne différer que dans la proportion de 5 à 6, d’où nous pouvons conclure avec quelque raison que

  1. Galton, Hereditary Genius. Londres, 1869.