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APPLIQUÉE À L’HOMME.

feuille du palmier éventail, soigneusement pliée et cousue, qu’ils portent toujours avec eux, et dont ils se font, en la déployant sur leur dos, une admirable protection contre la pluie. Presque toutes les races Malaises, ainsi que les Indiens de l’Amérique méridionale, se font de grands chapeaux de quatre pieds au moins de diamètre, qu’ils portent pendant leurs voyages sur mer pour préserver leur corps de la pluie, et ils en ont de plus petits du même genre dont ils se servent sur terre.

Cela est donc évident, non-seulement il n’y a pas de raison de penser que le développement des poils sur le dos eût été nuisible ou même inutile à l’homme préhistorique, mais les mœurs des sauvages actuels nous prouvent le contraire, puisqu’ils sentent le besoin de cette protection et cherchent à y suppléer de différentes manières. La position verticale de l’homme peut avoir contribué à conserver les cheveux de sa tête pendant que le reste de son corps s’est dépouillé ; mais en marchant à la pluie ou au vent l’homme se penche instinctivement en avant et expose ainsi son dos ; et ce fait indubitable, que c’est sur cette partie du corps que les sauvages souffrent le plus du froid et de l’humidité, démontre suffisamment que ce n’est pas à cause de leur inutilité que les poils ont cessé d’y croître. Il est d’ailleurs difficile d’expliquer par une simple diminution d’utilité, la disparition d’un caractère si longtemps persistant dans tout l’ordre des mammifères, car cette circonstance ne déterminerait qu’une action sélectrice très-faible.