Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
366
LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE


Que la peau nue de l’homme ne peut être le résultat de la sélection naturelle.


Il me semble donc certain que la sélection naturelle n’a pas pu produire la nudité du corps de l’homme. On ne saurait s’expliquer ce phénomène comme résultant d’une série de variations ayant pour point de départ un type primitif velu. Les données que nous possédons tendent au contraire à montrer que des variations dans ce sens n’ont pu être utiles et ont dû au contraire être jusqu’à un certain point nuisibles. Et même, si quelque corrélation inconnue avec des qualités nuisibles, pouvait expliquer la disparition du poil chez l’homme primitif des Tropiques, nous ne pourrions concevoir comment, à mesure que la race s’étendait dans des climats plus froids, un caractère si persistant à l’origine, n’aurait pas reparu sous l’influence puissante du retour au type. Mais une pareille supposition est d’ailleurs insoutenable, car nous ne pouvons pas supposer qu’un organe commun à tous les mammifères, ait pu, dans un seul cas, se trouver dans une corrélation assez constante avec une qualité nuisible pour être éliminé par la sélection, et cela d’une manière si complète et si efficace, que nous ne le voyons jamais ou presque jamais reparaître, même chez les métis des races d’hommes les plus diverses. Il est difficile de trouver deux caractères plus différents que le développement du cerveau, et la distribution du poil sur le corps : et cependant tous les deux nous conduisent à la