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Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/406

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LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE

mes immédiatement conduits à rechercher ce que c’est que la force. Nous connaissons deux espèces de forces radicalement distinctes, au moins en apparence. Ce sont : d’une part, les forces élémentaires de la nature, la gravitation, la cohésion, la répulsion, la chaleur, l’électricité, etc., et, d’autre part, notre propre force de volonté. Beaucoup de personnes nieront dès l’abord l’existence de celle-ci. On dira qu’elle n’est qu’une simple transformation des forces élémentaires, que la corrélation des forces comprend celles de la vie animale, et que la volonté elle-même n’est que le résultat d’un changement moléculaire dans le cerveau. Je crois cependant pouvoir montrer qu’on n’a jamais prouvé cette dernière assertion, ni même sa seule possibilité, et quelle constitue un saut téméraire du connu à l’inconnu. On peut admettre d’emblée que la force musculaire des animaux et de l’homme n’est qu’une transformation des forces élémentaires de la nature. Cela est, sinon prouvé, du moins très-probable, et parfaitement en harmonie avec ce que nous savons des forces et des lois naturelles. Mais on ne prétendra pas que le bilan physiologique ait jamais été établi d’une manière assez précise, pour pouvoir dire que, dans aucun corps organisé, ni dans aucune de ses parties, on ne constate l’emploi d’une force qui dépasse même d’une quantité infinitésimale, ce qui a été dérivé des forces élémentaires connues du monde matériel. S’il en était ainsi, il deviendrait impossible d’admettre l’existence de la volonté, car, si celle-ci est quelque chose, elle est la puissance directrice des forces accumulées dans le corps, et cette