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NOTES



NOTE A (page 379).


Quelques critiques me paraissent s’être complètement mépris sur le sens des expressions que j’ai employées ici. Ils m’ont reproché de chercher à surmonter une difficulté en faisant un appel inutile et peu philosophique aux « causes premières » ; d’admettre que « notre cerveau est l’œuvre de Dieu, et que nos poumons sont celle de la sélection naturelle », enfin, d’avoir fait de l’homme « l’animal domestique de Dieu ». Un savant éminent, M. Claparède, me fait continuellement appeler à mon aide une « Force supérieure », la lettre majuscule F, voulant dire, je pense, que cette Force supérieure est la Divinité. Je ne puis expliquer ce malentendu que par l’impuissance où est aujourd’hui tout esprit cultivé, de se représenter l’existence d’une intelligence supérieure intermédiaire entre l’homme et la Divinité. Les anges et les archanges, les esprits et les démons, sont depuis si longtemps bannis de nos croyances, que nous ne pouvons plus nous les figurer comme des réalités, et la philosophie moderne ne met rien à leur place. Cependant, la grande loi de la continuité, dernier terme de la science moderne, qui semble absolue dans tous les domaines de la matière, de la force et de l’esprit, aussi loin que nous pouvons les explorer, ne peut manquer d’être vraie aussi au delà de l’étroite sphère de notre vision. Il ne peut y avoir un abîme infini entre l’homme et le Grand Esprit de l’univers ; une telle supposition me parait au plus haut degré improbable.

En parlant de l’origine de l’homme et de ses causes pos-