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RÉPONSE AUX OBJECTIONS

parfaitement d’accord avec l’idée que la perfection du chant a été développée chez les oiseaux mâles par la sélection sexuelle. Chez l’homme les choses se passent tout autrement, et même d’une façon absolument contraire. Chez les sauvages, les femmes ne choisissent généralement pas leurs maris et, lorsque le choix leur est possible, nous n’avons pas la preuve qu’il soit jamais déterminé par la possession d’une voix harmonieuse. Cette circonstance n’exerce non plus aucune influence sur l’homme sauvage dans le choix de sa compagne ; et cependant, il s’est développé dans les deux sexes un organe musical merveilleux, dont on n’a pu encore ni prouver ni concevoir l’utilité pour l’homme dans la lutte pour l’existence. C’est là certainement une difficulté qu’il fallait attaquer avec des faits et des arguments, et que les traits d’esprit les plus brillants ne suffisent pas à résoudre.

Ensuite, répondant aux arguments que j’ai tirés de l’absence complète de poils sur le dos de l’homme, M. Claparède dit, que cela ne saurait être une difficulté pour celui qui admet que les mammifères velus et les oiseaux emplumés sont tous dérivés des reptiles écailleux. Mais, ce n’est certes pas l’argument d’un darwiniste, car le poil et les plumes sont utiles à leur possesseur, autant que les écailles l’étaient à leurs ancêtres supposés, tandis que mon objection est essentiellement basée sur ce fait, que, pour l’homme, on n’a pas pu prouver qu’il tirât quelque avantage de la nudité de son dos.

M. Claparède, dit, page 28 : « Que M. Wallace soit au moins conséquent sur la question de la chute des poils : si l’intervention d’une Force supérieure lui semble nécessaire pour épiler le dos de l’homme, qu’il sache se résoudre à la faire agir de même sur l’échine de l’éléphant, du rhinocéros, de l’hippopotame ou du cachalot. »

Mais ces quatre mammifères sont tous des animaux à peau épaisse ; l’un est aquatique, l’autre amphibie, les deux autres habitent des contrées chaudes, et se plaisent dans l’ombre et l’humidité. N’est-il pas parfaitement clair, que pour tous les quatre, le poil n’avait que peu ou point d’utilité, et qu’il a en conséquence partiellement disparu, par suite du défaut d’usage, suivant les lois de l’économie physiologique et de la