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PAR M. ÉDOUARD CLAPARÈDE.

sélection naturelle ? D’autre part, l’exemple du mammouth fossile, et celui du rhinocéros velu, prouvent que le poil était toujours conservé ou reparaissait, lorsque les besoins de l’animal l’exigeaient. Si la suppression du poil sur le dos de l’homme primitif des tropiques est due aux mêmes causes qui l’ont fait disparaître en partie chez l’éléphant tropical, pourquoi n’a-t-il pas reparu chez les Finnois et les Esquimaux aussi bien que chez le mammouth polaire ? Certainement c’est bien moi qui peux dire : « Que M. Claparède soit au moins conséquent dans la question de la chute des poils ! »

La dernière remarque de M. Claparède a trait à l’argument que j’ai tiré du cerveau chez le sauvage. J’ai dit que, cet organe dépassant ses besoins, il ne pouvait l’avoir acquis par l’action de la sélection. Mon contradicteur demande pourquoi je n’ai pas appliqué le même raisonnement à beaucoup d’autres cas ; il cite spécialement le grand groupe d’oiseaux dont le larynx est complexe, qui comprend tous les oiseaux chanteurs, et de plus, beaucoup d’espèces qui ne chantent pas. « Ces oiseaux, » dit-il, « possèdent dans leur larynx un organe beaucoup trop bien conformé pour l’usage qu’ils en font. Il est donc nécessaire d’admettre l’intervention d’une Force supérieure pour façonner cet appareil, inutile aux oiseaux qui le possèdent, mais calculé en vue de générations nouvelles qui, dans un avenir plus ou moins éloigné, et dans des conditions déterminées, apprendront à chanter. Que M. Wallace aurait-il à répondre à une semblable argumentation ? » La réponse est facile. Les cas ne sont pas comparables ; pour qu’ils le fussent, il faudrait que la grande majorité des oiseaux doués d’un larynx complexe ne fussent pas chanteurs, et que les quelques espèces qui le seraient, eussent été les dernières à se développer. Mais, bien loin qu’il en soit ainsi, le plus grand nombre des espèces de ce groupe ont la voix plus ou moins musicale ou sonore, et rien absolument ne nous prouve que cet appareil vocal compliqué ait été entièrement développé avant que l’oiseau ait commencé à chanter. Nous n’avons aucun exemple semblable au développement cérébral de l’homme, et M. Claparède ne réfute point les arguments par lesquels j’ai prouvé que le cerveau du sauvage et de l’homme