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Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/45

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DE NOUVELLES ESPÈCES.

ples bien connus, nous citerons les très-petits membres cachés sous la peau de plusieurs sauriens rapprochés des serpents, les crochets anaux du boa constrictor, la série complète de phalanges articulées dans la nageoire du lamantin et de la baleine. La botanique reconnaît depuis longtemps des faits semblables ; on rencontre fréquemment des étamines avortées, des enveloppes florales et des carpelles rudimentaires.

Pourquoi ces organes sont-ils là ? Telle est la question que doit se poser tout naturaliste philosophe. Quelle est leur relation avec les grandes lois de la création ? Ne nous apprennent-ils pas quelque chose du système de la nature ? Si chaque espèce a été créée isolément et sans aucune relation nécessaire avec des formes préexistantes, qu’est-ce que signifient ces rudiments d’organes, ces imperfections apparentes ? Elles doivent avoir une cause ; elles doivent être les résultats nécessaires de quelque grande loi naturelle. Si l’on admet avec nous, comme ayant régi la diffusion des animaux et des plantes sur la terre, cette grande loi que tout changement est graduel, qu’aucune créature n’est formée très-différente de tout ce qui existait avant elle ; que, en cela comme en tout, la nature procède par degrés et sans secousse : — alors ces organes rudimentaires sont nécessaires, et constituent une partie essentielle du système naturel.

Par exemple, avant que les vertébrés supérieurs fussent formés, bien des échelons devaient être franchis, et beaucoup d’organes, d’abord à l’état rudimentaire,