Aller au contenu

Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
INDÉFINIMENT DU TYPE PRIMITIF.

retournant au type primitif. Tout ce que nous tenons à prouver est ceci : que certaines variétés tendent à se maintenir plus longtemps que l’espèce originaire, et que cette tendance doit amener des conséquences : car, quoique les conclusions basées sur des probabilités et des moyennes ne soient jamais justes quand on opère sur une petite échelle, on voit que s’il s’agit de chiffres élevés, elles se rapprochent des exigences de la théorie, et finissent par la corroborer tout à fait, quand on peut réunir une infinité d’exemples. Or, la nature agit sur une si vaste échelle, les nombres d’individus et le temps dont elle dispose se rapprochent si fort de l’infini, que toute cause, bien que faible et facile à entraver par des circonstances accidentelles, doit à la fin produire tous ses résultats légitimes.


Explication du retour partiel des espèces domestiques au type.


Voyons maintenant de quelle manière les principes que nous venons d’exposer se vérifient chez les animaux domestiques. Entre eux et les animaux sauvages, il y a cette différence essentielle, que leur existence et leur bien-être ne dépendent point, comme chez ceux-ci, de l’entière possession de leurs facultés et de leurs sens, qui, au contraire, ne sont que partiellement exercés, et dans quelques cas même tout à fait sans emploi. Chaque bouchée de nourriture coûte à l’animal sauvage des recherches et souvent du travail ; l’exercice de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, lui est nécessaire pour éviter le danger, pour se chercher un