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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/102

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flamands, la divine pureté des vierges blondes aux fines paupières pointées de bleu pâle, la science impeccable des groupes, et, dans les paysages reculés qu’on entrevoit par les balcons de marbre, la sereine nature des Primitifs.

Marius avait connu Ferrian au collège. Pierre, avec ses allures déjà graves et songeuses, s’était senti attiré par l’esprit vif et subtil de son compagnon. Il aimait ce fantasque dont les boutades souvent avaient une épique na’iveté et qui, instable, sautait d’une idée à une autre, sans se douter une minute de ses contradictions.

Ferrian avait, à ce contact, acquis un peu de la maturité de Marius. Non que son caractère eût changé dans le fond, mais éclairé par la nature artiste en même temps que songeuse de Pierre, il s’était passionné pour le Beau, visitant les musées, piochant la musique, lisant en cachette tous les livres que les pères interdisaient, et s’ouvrant des étendues inexplorées encore où la vie lui déroula ses mystères, comme un théâtre fantastique dont le rideau se lèverait tout à coup sur une lumineuse apothéose. A seize ans, sans avoir connu le monde, il’en avait la crainte et l’appétit, les réalités que lui avaient révélées ses lectures, étant voilées encore par le grandissement de l’écrivain.

La piété seule de Marius n’avait pas trouvé d’écho dans cet esprit indépendant de naissance qui cherchait à comprendre et ne voulait pas croire. Les mysticités religieuses lui semblaient démodées et il comparaît la croyance moderne à l’antique, trouvant à toutes deux une poésie — rien de plus — et un prétexte pour l’artiste à sortir des lois mathématiques