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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/115

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c’est un morceau, est-ce qu’on dit morceau ? de l’Université ; ce petit pavillon, au fond, c’était un laboratoire, mais à présent cela ne sert plus.

Le vieux bonhomme, fier de se faire si bien comprendre, continuait :

— Ceci maintenant, c’est la rue de Coblence, Coblen\erstrasse, auf Deutsch ; nous monterons, si vous voulez par ce jardin, c’est ÏAlte Zoll.

— Ah ! ça ! pensa Ferrian, c’est pas un homme, c’est un Baedeker !

Ils gravirent la pente d’un jardin, en haut duquel, la face tournée vers le Rhin, se dresse la statue du patriote Arndts, avec cette inscription : Der Rhein, Deutschlands Strom, nicht Deutschlands Grenue (le Rhin est le fleuve, non la borne d’Allemagne). Plus loin, deux canons, volés aux Français en 1870 et offerts à l’université de Bonn par l’empereur Guillaume, ouvrent leurs gueules rouillées.

Jacques courut à la rampe qui limite la terrasse de YAlte Zoll et resta ébloui.

Il était près de sept heures du matin ; un soleil pâle et voilé allumait sur l’eau, d’un vert adouci, les vapeurs qui traînaient encore par longues places ; dans la distance, la chaîne des Sept Montagnes, alternant ses mamelons piqués de ruines, prenait des teintes d’un bleu sombre, fonçant encore de distance en distance, et devant, la campagne de l’autre côté de l’eau, s’étendait, immense et lointaine.

A cette heure de réveil, la vie sortait silencieuse des chaumières parsemées dans le vert des plaines, et le Rhin, toujours