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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/137

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s’ouvrirent grands, et, accroché d’une main au fauteuil, dressé, superbe, il étendit brusquement le bras vers la porte, d’un seul geste droit, puis, de sa voix frémissante et creuse, ne cria qu’un mot qui vibra comme un tonnerre :

— Heraus ! Dehors !

Greta le regarda une dernière fois, comme pour fixer dans son souvenir cette vision de malédiction et d’épouvante, puis, à reculons, l’œil sec, elle ouvrit la porte et la referma sur elle, tandis que Hans Friedmann s’écroulait de toute sa hauteur sur le tapis.

Elle trouva sur le palier Ferrian qui avait écouté cette courte scène.

— Viens, fit-elle.

— Oui, répondit-il, sans comprendre.

Ils se retrouvèrent dans la nuit plus épaisse et plus effrayante. Jacques suivait la jeune fille. Elle marchait vite. Ils traversèrent de nouveau le parc, et devant l’hôtel de Belle-Vue, Greta fit signe d’arrêter. Elle avait à ce moment l’œil égaré des somnambules. Ferrian lui prit la main, et cette main lui sembla froide comme celle d’un cadavre.

Lorsque Greta eut sonné et que la grande porte de l’hôtel se fut ouverte, un garçon à moitié endormi, portant une lanterne, reçut cet ordre bref :

— Deux chambres, une pour Monsieur, une pour moi ; train de Cologne, demain à cinq heures, vous nous réveillerez.

Le garçon décrocha deux clefs d’un châssis noir, et ils gravirent l’escalier.

Lorsqu’ils furent seuls, Gretta s’assit dans un fauteuil, puis