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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/146

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que sans Greta il n’eût su en arriver comme aujourd’hui à aimer son chez-soi où tout était chaleur et tendresse.

Décidément accroché par ses goûts aux lettres, Jacques écrivit, non plus des poèmes ainsi qu’autrefois, lorsque, comme tous, il avait été pris de la maladie du vers, mais de courtes nouvelles d’abord, un roman ensuite. Nature affinée, il tenta de rendre dans notre langue un idéal harmonique qui l’avait toujours obsédé. Ne se servant que de vocables longs, aux consonnances musicales demi-voilées, il voulait que sa phrase tînt autant de la mélodie que du langage, et c’était encore, avec ses ambitions descriptives, son vieux regret de ne pouvoir manier tous les arts, et son rêve de les condenser tous par l’effort de la plume. Peindre par la description et rythmer par l’accord assonnant des syllabes, rendre en même temps les subtilités de la pensée humaine par des récits calmes sans complications, intéressants seulement par la piste suivie pas à pas des nuances psychologiques, tel était le but de Ferrian. Cette tâche minutieuse et patiente lui convenait d’ailleurs. Aux écrivains d’action il préférait les « étudieurs d’âme », et, d’abord passionné pour les « naturalistes » dont il adopta un instant comme évangile les étroites théories, il ne tarda pas à s’apercevoir combien leur méthode est faite de procédés, combien l’assimilation en est facile, combien surtout ils s’attachent au décor dont ils font la force motrice de leurs types humains, par une inconsciente déviation du sens de la vie.

Il était retourné aux œuvres de fiction où l’artiste constamment se montre avec ses passions, ses partis-pris, ses