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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/193

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d’abord et puis écoute : Quand une femme s’en va, c’est qu’elle a ses raisons ou… qu’elle est folle. Dans les deux cas il faut attendre, dans l’un qu’elle revienne… pour la mettre à la porte, dans l’autre qu’on la ramène… pour l’interner. Ton Allemande n’est pas perdue, que diable !

Ces mots ton Allemande furent pour Ferrian comme un éclair, ton Allemande ! ils se gravèrent dans sa pensée, tout à coup.

— Tuas peut-être raison, Chastel !

Il y eut un silence ; Ferrian saisi d’une idée fixe, s’absorba, l’œil vague, immobile. Les derniers mois lui revinrent à l’esprit ; les tristesses de Greta, sa folle idée de revoir Bonn, ses émotions brusques lorsque le pays quitté s’évoquait par une parole, par une musique… ton Allemande…

Il se leva, demanda un Guide et pointa les heures des trains ; à minuit il y avait un train pour Cologne… mais non ! il était fou de partir… il avait tort… on ne s’enfuit pas ainsi par nostalgie, sans souci des êtres aimés…

Pourtant la conviction se faisait, inconsciente, mais nette, décisive, irrésistible.

— Je pars, dit Ferrian.

— Ah ! et pour où ?

Jacques ne répondit pas et vivement serra la main des amis en murmurant : — Au revoir.