Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/58

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— Qu’il soit fait comme il vous plaira.

— Maintenant, voulez-vous une tasse de thé ?

Christine prit le samovar et versa dans une coquille de Saxe, en laissant voir son bras nu, d’une blancheur rosée, sur lequel éclatait, pour le rendre plus albe encore, le velours pourpre de son bracelet. Sous l’étoffe, le duc la devina presque nue, et une bouffée de désir lui monta au visage.

— Vous êtes belle, murmura-t-il.

— Mais oui, mon frère, riposta-t-elle en souriant avec candeur. Ah ! j’oubliais de vous dire, dans quelques jours je pars pour le château de Marie-à-la-Bruyère où ma mère a bien voulu tout ordonner pour mon arrivée. J’espère vous y voir à l’époque des traques ; d’ailleurs, vous serez prévenu par une invitation, ainsi que nos amis. Nous nous reverrons avant mon départ, n’est-ce pas, Monsieur le duc ?

— Je suis à vos ordres, Christine.

— Bonsoir alors.

Elle tendit sa main à baiser et, d’un pas lent, passa entre Grégory et la lumière qui, sous la finesse de son vêtement, laissa transparaître son corps de statue ; puis elle sortit avec un sourire de sphinx.

Le duc resta seul, étourdi, médusé, ne sachant ce qui venait de se passer, cet éclair qui traversait sa vie et le frappait en pleine poitrine… ; il était trois heures et demie du matin ; le petit jour, traversant les stores, fit jaunir la lumière vacillante des bougies. Grégory éteignit les girandoles, fit glisser sur leurs tringles les rideaux des fenêtres, qu’il ouvrit toutes grandes. L’air frais de l’aube entra brusquement