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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/57

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— C’est à dire que si vous prenez à gauche, je désire prendre à droite, en sorte de ne pas nous heurter l’un à l’autre.

— Et peut-on vous demander ce que vous comptez faire… à droite ?

— Non, dit-elle presque durement, je ne cesse pas de m’appeler la duchesse de Perriane, Monsieur, et cela doit vous suffire. Une femme trompée prête parfois à la pitié. Oh ! je ne parle pas pour moi qui n’ai poussé de sanglots que sur une petite tombe. Un homme trompé prête au ridicule, et, je vous le répète, je porte votre nom.

— Continuez, Madame, je vous écoute toujours, dit Grégory d’une voix altérée, votre conclusion approche. Ce que vous voulez, c’est la séparation…

— De corps, en effet. Il ne faut pas qu’un caprice puisse vous ramener un beau jour à moi, et que j’aie le post-scriptum de vos amours joyeuses. Même un caprice serait chose flatteuse pour votre humble servante, Monseigneur, si celle-ci n’avait le malheur de n’être née ni servante ni humble. Voulez-vous me donner votre parole ?

— Et si je refuse ?

— Je vous retirerai ce qui vous reste de moi : mon amitié et mon estime.

— Et si je vous aime encore ?

— Ce ne serait peut-être pas si sot, mon cher, mais ce serait un peu tardif, et, vous le savez, lorsqu’on a attendu trop longtemps à un rendez-vous, on s’en va. Non, décidément, prenez à gauche, Monsieur le duc.