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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/73

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j’espère ; se dire : demain je roulerai la même vie et la même brise fade m’emportera dans son voyage ; j’ai la richesse, j’ai toutes les amours et ce que je veux, ce dont je souffre, c’est ce que je n’aurai point. L’irrémédiable se dresse entre l’heure qui vient de sonner et celle qui va suivre, et d’autres heures suivront et d’autres encore. Garçon, un rhum !

Que me reste-t-il ? toujours le dégoût, la fatigue, la soif de quelque chose dont je ne serai jamais étanché, la faim d’une nourriture interdite et perdue. Ce mendiant, brute qui regarde par la porte entrouverte et fait semblant de souffrir, le pauvre, parce qu’il n’a pas mangé ! Moi non plus je n’ai pas mangé… Versez encore, garçon. Il faut que je parte, mes jambes sont lourdes… un bain de pied, sacrebleu ! C’est cela… combien ?… Voilà… c’est bon…

Elle était belle en noir, elle était belle en blanc, c’est ma femme ; drôle ! oh ! oui, pour drôle !… Et Lysiane drôle aussi… toutes les deux ensemble, ce serait cocasse… Eh ! cocher ! rue Montoyer, n° 23a. Ouf ! je suis éreinté… déjà deux heures… qu’est-ce que ça me fait… Je dors… cré cheval !…

Ah ! ah ! bon nous… y… sommes… combien… tenez., bonsoir… Le trou, nom d’un… le trou… voilà… queléreintement, mes frères ! L’escalier se moque de moi… je t’aurai… je t’aurai… eh ! la rampe..

Grégory, duc de Perriane, est ivre-mort.

Etendu dans un fauteuil, il s’est endormi, la respiration sifflante, les membres lourds, sans force. Le gilet ouvert, la tête renversée, il a une pâleur de cadavre, d’homme assassiné