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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/83

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ce n’est plus la même route et que le château est plus petit.

La voiture s’arrête ; il descend. On ouvre. Il gravit les marches de l’escalier dont les deux torchères niellées, sans flamme, ont perdu leur belle forme. Il entre ; la chambre haute dans son demi-jour n’a plus son ancienne grandeur ; le fauteuil de Cordoue est une contrefaçon, les Gobelins sont faux. Dans l’âtre brûle un monceau de bûches. Grégory s’assied, attend, contemple. Où est-il ? Pourquoi vient-il ici ? Tout est froid, tout est sombre en cette solitude, loin, très loin de ce qui vit, souffre et se lamente.

Au fond de la chambre, une lourde portière s’ouvre, une femme apparaît. Elle est vêtue d’un peignoir, une sorte de peplum en crêpe de Chine blanc rattaché à l’épaule par un camée rouge. Ses cheveux tordus sont piqués sur le haut de la tête par un peigne formé de gros grains de corail, et pour bracelet, elle porte au bras, nu jusqu’à l’épaule, un large ruban de velours rouge agrafé d’or.

— Salut à vous, duc de Perriane, dit Lysiane, avec un geste théâtral.

Ces seuls mots interdisent Grégory. La voix est presque inconnue ; la douceur en est envolée, elle s’éraille. On dirait entendre parler une statue.

— Bonjour, Madame. II ne trouve rien à dire. La comtesse sourit, elle tient encore l’Homme.

— Vous revenez donc, comme les autres, pour voir, n’est-ce pas, continue-t-elle en s’asseyant ; le mariage vous a traîné deux ans, oui… c’est cela… deux ans, c’est long. Êtesvous heureux, Monseigneur ?