Aller au contenu

Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Retourne aux Roumaines, je t’assure, continua Chastel. Ferrian contempla encore d’un air pensif les deux grandes

femmes, puis, le visage tourné vers la scène, il regarda.Toute cette vaste lumière, ces gaz, ces lanternes, cette féerie de rayons, c’était si beau ce soir-là, beau comme l’apothéose de la jeunesse moderne, artificielle et triomphante !

Jacques se détourna. Il prit la main de Chastel, puis, avec un sourire contraint :

— Maintenant mes amis, j’ai vu ces pauvres diables noirs qui n’ont pas l’air d’aimer beaucoup le théâtre ; je vous ai donné un petit cours de philosophie transcendante que vous trouverez profondément popote, et je m’en vais. Marius vous a dit, n’est-ce pas, que je pars demain pour l’Allemagne ?

— Mais non.

— Ah ? Je vous l’annonce, solennellement. Je resterai un an au bord du Rhin, une idée à moi.

— Tiens tiens, dit Chastel, elle est bien bonne ! Gretchen, Werther, Kant, Raison pure et chromolithographie ! Tu me rapporteras une pipe et de la choucroute.

Eh bien, bon voyage, Jacques, tâche de trouver là-bas ton oiseau bleu, surtout ne prends pas l’accent ! Au revoir.

— Au revoir Beckx, Carol, mon vieux, toi, adiousias !

Ferrian partit avec Marius, tandis que le gros Carol, arrêtant une petite femme boulotte criait de sa voix de bassetaille :

— A nous les femmes du monde !