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D’OTRANTE.

que fatal, lequel s’élevant à la hauteur de la fenêtre, s’agitoit avec violence, & rendoit un ſon lugubre & effrayant. À cette vue, Iſabelle ſentit ranimer ſon courage & s’écria : Voyez, Monſeigneur, voyez, le Ciel lui-même s’oppoſe à vos mauvaiſes intentions ! Le Ciel, reprit Manfred, ne ſauroit arrêter mes deſſeins ; & en parlant ainſi, il s’avança pour arrêter la Princeſſe. Dans cet instant, le portrait de ſon aïeul, qui étoit au-deſſus du canapé où ils s’étoient aſſis, pouſſa un profond ſoupir, & ſecoua ſon armure. Iſabelle, qui avoit le dos tourné au tableau, n’apperçut ni ce mouvement, ni l’endroit d’où venoit le ſon ; elle treſſaillit cependant, & dit : écoutez, Monſeigneur, quel bruit entends-je ? Et en diſant ces mots, elle gagna la porte. Manfred, occupé de la fuite d’Iſabelle, qui avoit déjà gagné l’eſcalier, & de la vue du tableau qui commençoit à ſe mouvoir, ſe mettoit