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D’OTRANTE.

que myſtère en cela… Oui, j’en ſuis ſûre. Dans l’accablement où la jetta la mort de mon frère, elle lâcha quelques paroles qui me l’ont donné à entendre… Ah ! ma chère Madame, s’écria Blanche, daignez m’en faire part… Je n’en ferai rien, lui dit Mathilde ; lorſqu’une mère laiſſe échapper une parole par mégarde, il ne convient point à une fille de la divulguer. Quoi ! fut-elle fâchée de ce qu’elle avoit dit, reprit Blanche… vous pouvez me le confier, Madame… Je puis, lui dit Mathilde, vous confier mes petits ſecrets, mais il ne me convient point de vous faire part de ceux de ma mère : une fille ne doit faire uſage de ſes yeux & de ſes oreilles qu’autant que cela plaît à ſes parens. Vous êtes née, Madame, pour être une Sainte, & c’eſt en vain que je voudrois m’oppoſer à votre vocation. Je vois que vous finirez vos jours dans un Couvent. Iſabelle eſt beaucoup moins réſervée