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D’OTRANTE.

belle ; mais le Ciel a conduit ma main ſanguinaire ſur le cœur de ma fille... Me pardonnes-tu le tranſport de ma rage ? Oui, je vous le pardonne, & veuille le Ciel vous le pardonner auſſi, lui répondit Mathilde... Mais pendant qu’il me reſte encore aſſez de vie pour le demander... Ah ! ma mère ! quelle va être ſa douleur ! Voudrez-vous bien la conſoler, mon cher père ? Ne la renvoyerez-vous point ? Elle vous aime tendrement... Hélas ! je me meurs ! Portez-moi au Château... Veuille le Ciel que je vive encore aſſez pour qu’elle ait le temps de me fermer les yeux !

Théodore & les Religieux la prièrent de permettre qu’on la tranſportât au Couvent ; mais elle fit tant d’inſtances pour qu’on la portât au Château, qu’on fut enfin obligé de la mettre ſur un brancard & de l’y conduire. Théodore lui ſoutenoit la tête, & s’efforçoit de