Page:Walras - Introduction à l'étude de la question sociale.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’ajoutais que, dans ma conviction, nous ne sommes pas éloignés d’en sortir ? Le moment est proche où contre le développement de l’activité purement matérielle l’esprit réagira. Depuis cent ans et plus les sciences accumulent des faits ; bientôt elles trouveront des lois et des rapports. L’immense quantité de matériaux réunie par les efforts de l’observation n’attend plus, pour être organisée, qu’un de ces élans de l’imagination qui saisit une féconde hypothèse, qu’un de ces éclairs du génie qui de tant de matériaux confus fait sortir un édifice. Que paraisse un de ces hommes en qui se trouvent réunies au même degré la patience scrupuleuse du savant et l’impétuosité du philosophe ; que vienne une génération d’érudits métaphysiciens, et les sciences seront organisées.

Enfin, agitée depuis trente ans en tous sens, pressentie, niée, affirmée, attaquée, défendue, la question sociale est mûre. Elle trouvera sa solution dans la constitution de la science sociale. Dans les rangs de ce groupe d’hommes dévoués. prudents, étrangers aux succès comme aux revers des partis, qui se transmettent les traditions du vrai, du bien, quelques esprits se rencontreront qui, se trouvant occupés des mêmes recherches, s’associeront entre eux pour le succès de l’idée. Ils ne seront pas entendus de la foule ; ils le seront des hommes de leur entourage. Ceux-là recevront le dépôt des vérités nouvelles, et sauront peu à peu les faire triompher de l’apathie des indifférents, du mauvais vouloir des égoïstes et de la turbulence des étourdis.