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Page:Walras - Introduction à l'étude de la question sociale.djvu/8

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riche d’observations de détail pour se prêter un peu aux efforts de la spéculation d’ensemble, assez mûrie par l’expérience pour n’avoir que peu à craindre d’être pervertie par le commerce de la philosophie. D’autre part, s’il est un espoir qui doive être cher aux amis du progrès, et en général à tous les hommes qui savent se maintenir, à l’endroit des innovations, en dehors des terreurs exagérées et des aspirations chimériques, c’est celui de voir enfin le socialisme, pour rendre à un mot que l’empirisme a compromis et déshonoré sa signification scientifique, étayé sur l’économie politique, les réformes pratiques déduites de théories méthodiques, enfin le caprice des opinions irréfléchies céder devant l’empire des convictions raisonnées. Tous ces heureux résultats seraient l’effet de l’impulsion qu’on pourrait donner à l’économie politique dans le sens indiqué par M. Courcelle Seneuil : il est donc singulièrement à désirer que les tendances nouvelles ne tardent point à se manifester. Au point de vue où je me suis placé, à l’égard de l’objet propre de cette étude, j’ajoute qu’il n’est point douteux pour moi que la réalisation de l’entreprise annoncée par M. Courcelle Seneuil ne soit aussi le triomphe de la justice, que la constitution de la science sociale et de l’art qui s’y rattache n’implique la solution de la question sociale.

Unissons donc tous nos efforts pour fonder et construire la science sociale.


§ 2. Constitution de la science sociale

Il s’agit d’établir avec une méthode rigoureuse la science et l’art qui ont pour objet l’ensemble de l’activité libre de l’homme vivant en société ; voilà quel est le problème, et l’on doit convenir qu’il serait difficile de l’énoncer en des termes qui fussent à la fois plus généraux et plus précis. S’il est nécessaire et suffisant, pour qu’une science existe, qu’elle porte sur un vaste ensemble de faits d’un caractère spécial, la science sociale vivra. Cette science n’étudie pas les faits purement physiques, ceux qui se manifestent au sein de la nature extérieure ou ceux qui, tout en ayant l’homme pour théâtre, prennent leur origine et suivent leur développement dans la fatalité des lois naturelles,en dehors de la volonté libre : la vie physiologique, la maladie, etc. Il semble aussi qu’elle prétende s’oc -