Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sortes. Il fait des meubles et il les vend. Il a fourni son travail, moi mon capital. Vous pensez que, sur le prix de la vente, déduction faite du prix de revient, le travail doit toucher son salaire, le capital son profit ? Erreur. Que le menuisier retire, sur le marché, un certain prix de sa marchandise ; qu’il rembourse ses dépenses de matière première ; qu’il s’empare de la totalité du surplus comme salaire de son travail ; qu’il ne me rende rien pour le loyer et le profit du capital que je lui ai prêté, il y aura réciprocité !

Je m’aperçois, au reste, qu’il est bien naïf à moi d’essayer de comprendre quelque chose à la réciprocité de prestation : prestation et réciprocité sont deux mots accolés de vive force dans le but unique d’escamoter ici le problème du prêt au bénéfice de la morale, à défaut de savoir le résoudre par la théorie du capital et du revenu et les données de la science économique. C’est une ignoble rouerie de procédé qu’il faut traîner au grand jour.

Vous voulez conclure de la réciprocité du respect au prêt gratuit. Vous prenez, d’une part, l’idée de réciprocité, de l’autre, l’idée de prestation. Si ce dernier mot n’existe pas en français d’économie politique, vous l’inventez. Vous accouplez vaille que vaille les deux idées, et vous déduisez comme suit :

« Qui dit réciprocité du respect dit réciprocité de prestation ou prêt réciproque. Qui dit prêt réciproque ou réciprocité de prestation dit prêt gratuit. Donc qui dit réciprocité du respect dit prêt gratuit.