Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/136

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C’est que vous avez beau faire, vous n’arrivez point à vous convaincre vous-même. Malgré tout, vous êtes le premier à sentir qu’il est très-difficile, qu’il est impossible de comprendre qu’une manifestation positive, caractéristique, solennelle du moi libre, personnel et moral demeure un seul instant étrangère ou seulement indifférente à la justice, qu’elle ne puisse pas et ne doive pas être immédiatement qualifiée, déclarée juste ou injuste suivant les circonstances dans lesquelles elle se produit.

Il est impossible de comprendre que la préhension, l’appropriation, la possession, la domination, comme il vous plaira, ne puisse pas et ne doive pas être naturelle ou antinaturelle ; par conséquent et sans retard, la possession légitime ou illégitime, propriété ou vol, soit l’un, soit l’autre, mais non pas tous les deux à la fois, ni l’un ou l’autre indifféremment.

Il est en un mot tout aussi impossible de concevoir l’appropriation, la possession et la propriété comme des faits de l’ordre naturel et fatal indépendants de la justice, que de concevoir la valeur d’échange et l’échange comme des faits de l’ordre libre et moral soumis à la justice,

Et, par conséquent, je vous répète que ni la propriété considérée en elle-même, ni le vol considéré en lui-même ne se réduisent à la préhension, à l’appropriation. Leurs qualités de légitimité ou d’illégitimité sont leurs éléments constitutifs, essentiels, que vous ne pouvez leur ôter. Puis je me permettrai de vous faire observer que pour un homme qui avez interrogé