Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/204

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la rente. Telle est aussi l’explication a posteriori de la nature de la rente comme prix de ce revenu de la terre, comme prix du loyer du sol.

Quant à ce qui est de M. Proudhon, cette argumentation établit nettement la situation vis-à-vis de la rente.

Si l’auteur la considérait au moins comme l’excédant du produit agricole sur le salaire agricole, il serait simplement dans une double erreur :

1° Sur sa mesure et sa détermination, puisqu’il grossirait la rente de tout le chiffre du profit des capitaux artificiels engagés dans l’exploitation.

2° Sur sa nature, puisqu’il s’obstinerait à considérer le prix du loyer du sol et du loyer du capital comme un salaire du travail.

Mais M. Proudhon ne cherche point la rente foncière dans l’excédant du produit agricole sur le salaire agricole. Il la cherche dans l’excédant du produit agricole sur les frais du travail agricole : nourriture, vêtement, habitation, etc. des travailleurs. Et comme ces frais sont un élément aléatoire qu’aucune observation ne saurait préciser, dont aucune statistique ne pourrait même fournir la moyenne, qu’aucune théorie ne doit, en conséquence, considérer, il se trouve en définitive que la rente, telle que l’entend M. Proudhon, n’est pas seulement mal définie et mal déterminée, — mais complètement indéfinissable et indéterminable.

Ce n’était guère la peine de le prendre de si haut avec tous les économistes, pour en venir à se four- -