Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/236

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travail, imaginées après coup par M. Proudhon, ne peuvent que faire monter le chiffre des salaires.

Conditions dans le sol et dans le climat. À la bonne heure ! ceci est un élément sérieux de création de la rente foncière. M. Proudhon commence à s’apercevoir enfin qu’on ne sème pas sur la mer, qu’on ne plante pas dans les airs, que la terre est un instrument indispensable de toute production agricole. Un peu plus, et peut-être consentirait-il à s’apercevoir aussi que la terre qui est utile a de la valeur, parce qu’elle est limitée dans sa quantité. Mais non ; M. Proudhon est encore bien loin de connaître ces vérités. Que nous parle-t-il, en effet, de conditions dans le sol et dans le climat, au lieu de nous parler généralement de la force naturelle de fécondité productive du sol, de la puissance coopérative du sol dans l’œuvre de la production agricole ? Que le sol soit plus ou moins fécond, il est toujours fécond, sous un climat rigoureux comme sous le climat le plus favorable. Dans le premier cas, la rente foncière et le salaire agricole peuvent être aussi élevés, plus élevés même que dans le second cas, si la terre et ses produits sont demandés par une population nombreuse, industrielle, commerçante et riche. Dans l’un et l’autre cas, il y a rente, comme il y a salaire, comme il y a profit.

Conditions dans la société : demande des produits, facilité de transport, sécurité du marché, etc. Pour qu’il y ait valeur, échange, richesse sociale, il faut qu’il y ait société ; il ne faut pas que l’huma -