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Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/235

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Nous attribuions, nous, tout à l’heure, avec MM. Passy, Garnir, Walras, la création de cette rente au concours du sol dans l’œuvre de la production agricole, sa propriété conséquemment au propriétaire du sol. Notre opinion n’a point varié. Défendons-la contre l’opinion nouvelle de M. Proudhon qui réclamait tout à l’heure cette propriété pour le travailleur, et qui maintenant y veut faire participer la nature et la société.

1o Conditions dans le travail : choix des instruments, méthode, talent, diligence. Ces conditions seraient, au dire de M. Proudhon, un des éléments de création de la rente foncière : c’est une erreur. Le sophisme est habile mais restera sans succès. Au premier abord, il semble qu’en effet choix des instruments, méthode, talent, diligence, ce soient là des conditions en dehors du travail normal. Un examen plus approfondi nous fera reconnaître qu’il n’en est rien. Tout cela représente seulement le travail de l’entrepreneur de culture, du propriétaire faisant valoir ou du fermier, par opposition au travail du simple manouvrier. Or, travail d’entrepreneur ou travail de manouvrier, c’est toujours le travail. L’expérience, l’habileté de l’entrepreneur sont le revenu de ses facultés personnelles : tout cela se paye par un salaire. Le travail est rémunéré, les salaires sont mis à part : l’entrepreneur n’a plus rien à réclamer. Le choix des instruments, la méthode, le talent, la diligence n’ont aucune part à la création de la rente. Et ces conditions dans le