Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/72

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impose, ou d’avancer qu’il se soit contenté de feuilleter le catalogue. Je ne doute pas qu’il n’ait lu les ouvrages des économistes, mais ce dont je suis assuré et ce que j’affirme, c’est qu’il n’a pas tiré de cette lecture tout le fruit désirable. Je ne saurais en vouloir à M. Proudhon de ce qu’il n’a pas l’esprit plus tourné vers la généralisation et l’abstraction, vers la synthèse, que vers l’analyse : cela ne dépend pas de lui. Mais je suis en droit de lui reprocher une grande inattention, et de faire ressortir ici combien de choses la lecture des économistes ne lui a pas apprises.

« La richesse sociale se compose de trois éléments. En d’autres termes, il y a trois valeurs capitales à considérer pour l’économiste ; et ici je ne fais que suivre l’opinion des écrivains les plus éminents et les plus justement renommés.

Ces trois éléments sont la terre, les facultés de l’homme et le capital artificiel ou le capital proprement dit. La terre et les facultés de l'homme forment nos richesses sociales naturelles ; les capitaux artificiels de toute nature, fruits de l’épargne et de l’économie, forment nos richesses sociales artificielles. La terre donne lieu à un revenu qu’on appelle la rente foncière ou le loyer du sol. Les facultés humaines donnent lieu à un revenu qui s’appelle le travail. Les capitaux proprement dits, les capitaux artificiels donnent lieu à un revenu qui s’appelle le profit »[1]. »

  1. M. Walras, Théorie de la Richesse sociale.