Page:Walras - Théorie mathématique de la richesse sociale.djvu/53

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deux des raretés chez un échangeur quelconque, sont susceptibles de recevoir une expression numérique. Ainsi la valeur d’échange demeure un fait essentiellement relatif, ayant toujours sa cause dans la rareté qui seule est un fait absolu.

C’est le droit du théoricien de supposer les éléments des prix invariables durant le temps qu’il emploie à formuler la loi d’établissement des prix d’équilibre. Mais c’est son devoir, une fois cette opération terminée, de se souvenir que les éléments des prix sont essentiellement variables et de formuler en conséquence la loi de variation des prix d’équilibre. C’est ce qui nous reste à faire ici. Et, au surplus, la première opération conduit immédiatement à la seconde. En effet, les éléments d’établissement des prix sont aussi les éléments de variation des prix. Ces éléments d’établissement des prix sont les utilités des marchandises et les quantités possédées de ces marchandises. Telles sont donc les causes et conditions premières de variation des prix.

Soit l’équilibre établi, et notre porteur de (A) en possession des quantités respectives de (A), (B), (C), (D)… qui, aux prix de (B), (C), (D)… en (A), lui donnent la satisfaction maximum. Cet état a lieu en raison de l’égalité des rapports des raretés avec les prix ; il n’aura plus lieu si cette égalité cesse d’exister. Voyons donc comment les variations de l’utilité et de la quantité possédée peuvent troubler l’état de satisfaction maximum, et quelles doivent être les conséquences de ce trouble.

Quant aux variations dans l’utilité, elles peuvent s’effectuer de façons très diverses : il peut y avoir augmentation de l’utilité d’intensité et diminution de l’utilité d’extension, ou vice-versa, etc. Aussi nous faut-il prendre quelques précautions pour énoncer à cet égard des propositions générales. C’est pourquoi nous réserverons les expressions d’augmentation et de diminution de l’utilité aux déplacements de la courbe de besoin qui auront pour résultat d’augmenter ou de diminuer l’intensité du dernier besoin satisfait, ou la rareté, après l’échange. Cela bien entendu, supposons une augmentation de l’utilité de (B), c’est-à-dire un déplacement de la courbe de besoin de (B) d’où résulte une augmentation de la rareté de (B) pour notre individu. Il n’y a plus satisfaction maximum pour cet individu. Au contraire, il y a avantage pour lui, aux prix à demander du (B) en offrant de l’(A), du (C), du (D)… Donc, puisqu’il y avait égalité de l'offre et de la demande de toutes tes marchandises (A), (B), (C), (D)… aux prix il va y avoir, à ces prix, excédant de