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sur une falaise, de renverser l’arbre, et de tomber d’une hauteur considérable, sans néanmoins se faire aucun mal.

La partie Méridionale, ou, pour mieux dire, la partie de cette Ile qui regarde le S. 0., comme on peut le voir dans la Carte, diffère beaucoup de tout le reste. C’est un païs sec, pierreux et sans arbres, mais fort uni et bas, en comparaison de la partie Septentrionale. IL n’y aborde jamais aucun Vaisseau, à cause que la Côte en est fort escarpée, et qu’outre qu’on y trouve peu ou point d’eau douce, les Vaisseaux y sont exposés au vent de Sud, qui règne presque toute l’année, et particulièrement en hiver. Les arbres, qui croissent dans les bois au Nord de l’Ile, sont presque tous aromatiques, et de plusieurs sortes : aucun d’eux n’est de taille à pouvoir fournir de gros bois de charpente, excepté le Mirthe qui est le plus grand arbre de cette Ile, et qui nous fournit tout le bois de charpente que nous employames ; les plus grands cependant ne sauroient fournir des pièces de plus de quarante pieds de hauteur. La tête du Mirthe est ronde, et aussi régulière que si elle avoit été taillée avec tout le soin possible. Sur l’écorce croît une espèce de Mousse, dont l’odeur et le goût approchent de l’Ail, et qui en tenoit lieu à nos gens ; nous trouvames aussi dans l’Ile l’arbre de Piment, et l’arbre à chou, mais en assez petite quantité. Nos prisonniers observèrent que quelques-unes des montagnes de l’Ile ressembloient aux montagnes du Chili, où l’on trouve de l’or ; de sorte qu’il ne seroit nullement impossible qu’il n’y eût aussi de l’or dans cette île. Nous y remarquames quelques montagnes d’une terre rouge, dont la couleur surpassoit celle du Vermillon, et qui, si оn l’examinoit bien, pourroit peut-être servir à différens usages.

Outre une quantité de toutes sortes de plantes, que cette Ile produit, mais que notre ignorance en Botanique nous a empêchés de décrire ou même de remarquer, nous y avons trouvé presque tous les Végétaux, qu’on regarde comme souverains contre cette espèce de maladies scorbutiques, qu’on contracte en mangeant des chairs salées, et par de longs voyages ; comme du Cresson d’eau, du Pourpier, d’excellente Oseille sauvage, et une prodigieuse quantité de Navets et de Raves de Sicile. Nos gens, trompés par la ressemblance, désignoient ces deux espèces de racines par le même nom. Nous trouvions la verdure des Navets plus à notre goût que les racines mêmes, qui étoient souvent cordées, quoiqu’il,s’en trouvât qui n’avoient point ce défaut, et qui étoient fort bonnes. Ces différentes sortes de plantes, avec le Poisson et la Viande que l’Ile