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CHAPITRE V


Ce qui nous arriva depuis notre départ de Juan Fernandez, jusqu’à la prise de la ville de Paita.


Quoique le Centurion et le Carmelo fussent partis de la Baye de Juan Fernandez le 19 de Septembre, laissant le Gloucester à l’ancre derrière eux, les vents furent cependant si variables en pleine mer, que nous ne perdimes l’Ile de vue que le 22 du même mois, vers le soir. Nous continuames ensuite à porter à l’Est, pour gagner notre croisière, et joindre le Tryal à la hauteur de Valparaiso. La nuit suivante il fit un fort gros tems ; notre grand Hunier s’étant déchiré, nous l’amenames, et ayant mis d’abord la main à l’œuvre, nous le fimes servir de nouveau dès le lendemain matin. Le 24 un peu avant le coucher du Soleil, nous apperçumes deux Vaisseaux à l’Est ; aussitôt notre prise s’éloigna de nous à dessein, pour qu’on ne nous soupçonnât point d’être des Armateurs ; pendant que, de notre côté, nous préparions tout pour le combat, et faisions force de voiles pour joindre les Vaisseaux que nous avions découverts. Nous remarquames bientôt qu’un d’eux, qui paroissoit un gros Navire, venoit droit à nous, au-lieu que l’autre se tenoit dans l’éloignement. Vers les sept heures du soir nous ne fumes plus qu’à la portée du pistolet du premier, et allions lui lâcher une bordée entière, les Canoniers attendant la mèche à la main l’ordre de faire feu ; mais comme il étoit impossible que le Navire nous échappât, Mr. Anson, avant de permettre qu’on fît feu, ordonna au Maitre de héler le Vaisseau en Espagnol. L’Officier Commandant, qui se trouva être Mr. Hughs, Lieutenant du Tryal, répondit en Anglois, et nous dit, que c’étoit une prise faite par le Tryal peu de jours auparavant, et que l’autre voile étoit le Tryal même, démâté. Nous fumes peu de tems après joints par le Tryal, et Mr. Saunders, qui en étoit le Capitaine, se rendit à bord du Centurion. il informa le Commandeur, qu’il avoit pris ce Vaisseau le 18 du courant, que comme c’étoit un excellent Voilier, il l’avoit poursuivi pendant trente-six heures, sans pouvoir le joindre ; que pendant un tems il avoit si peu gagné, qu’il ne comptoit guère de le prendre ; et que les Espagnols, quoique effrayés, au commencement, de se voir poursuivis par un nua-