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rafraichissant cette partie de l’air qui passe par dessus leurs sommets couverts de neige ; ces Montagnes, dis-je, sont sans doute la cause que les Côtes voisines et les Mers du Pérou peuvent être rangées dans la classe des Climats les plus tempérés. Car dès que nous fumes à une certaine distance de la Ligne, où ces Montagnes ne purent nous être d’aucun secours, et que nous n’eumes plus rien pour nous couvrir du côté de l’Est, que les hauteurs et l’Isthme de Panama, qui ne sont que des Taupinières en comparaison des Andes, nous éprouvames en deux ou trois jours que nous avions passé de l’air tempéré du Pérou dans le Climat brulant des Indes Occidentales. Mais il est tems de reprendre le fil de notre narration.

Le 10 de Novembre nous étions trois lieues au midi de l’Ile la plus Méridionale de Lobos, dont la Latitude est 6° 27’ Sud. Il y a deux Iles de ce nom ; celle-ci, qui s’appelle Lobos de la Mar ; et une autre, plus Septentrionale, qui ressemble beaucoup à la première, et qu’on prend souvent pour elle, appellée Lobos de Tierra. Nous n’étions pas loin alors de la croisière assignée au Gloucester : ainsi, dans la crainte de le manquer, nous portames peu de voiles toute la nuit. Le lendemain, à la pointe du jour, nous vimes au lof un Vaisseau qui tâchoit de gagner la Côte. Il avoit passé près de nous pendant l’obscurité de la nuit ; et comme nous vimes d’abord que ce n’étoit pas le Gloucester, nous forçames de voiles pour le joindre. Le vent se trouvant trop foible pour que nous pussions beaucoup avancer, Mr. Anson ordonna qu’on armât le Bateau à rame, sa Pinasse, et celle du Tryal, et qu’on abordât le Vaisseau ennemi. Le Lieutenant Brett, qui commandoit le Bateau à rame, s’en approcha le premier, vers les neuf heures, le salua d’une décharge de Mousquetterie entre les Mâts, an-dessus des têtes de l’Equipage, et fit sauter aussitôt la plupart de ses gens à bord ; mais les Espagnols ne firent pas la moindre résistance, étant suffisamment effrayés par l’éclat des sabres, et par la décharge qu’ils venoient d’essuyer. Le Lieutenant Brett fit amener les voiles, et ayant chemin faisant pris avec lui les deux Pinasses, alla trouver le Commandeur. Quand il fut de nous à la distance d’environ quatre milles d’Angleterre, il passa dans le Bateau à rame, menant avec lui plusieurs Prisonniers, qui l’avoient instruit de plusieurs choses importantes, dont il vouloit informer le Commandeur. A son arrivée nous apprimes que la prise s’appeloit Nuestra Senora del Carmin, et étoit d’environ cent soixante-dix tonneaux. Un Vénitien, nommé Marcos Moréna en étoit le Com-