Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/209

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la assez en général sur cet article, au sujet duquel je ne saurois m’empêcher de souhaiter, que, comme il intéresse le Genre humain, et en particulier tous les Voyageurs, on l’approfondit avec soin, et que tous les Vaisseaux, destinés à faire des Voyages dans des Climats chauds fussent fournis de Thermomètres d’une fabrique connue, et qu’on marquât exactement les observations journalières qu’on pourroit faire par leur moyen. C’est une chose étonnante, eu égard au goût d’observations qui s’est établi en Europe depuis quatre-vingts ans, qu’on n’ait encore rien tenté de pareil. Pour moi, je ne me souviens pas d’avoir vu quelque observation sur le froid et le chaud, faites dans les Indes Orientales ou Occidentales par des gens de Mer, excepté celles, qui ont été faites par ordre de Mr. Anson, à bord du Centurion, et par le Capitaine Leg à bord de la Séverne, qui étoit un autre Vaisseau de notre Escadre. J’ai été engagé en quelque sorte à cette digression par l’idée du beau tems que nous eûmes sur la Côte du Pérou, même sous la Ligne Equinoctiale. Mais pour entrer à cet égard dans un plus grand détail, j’ajouterai ici, que dans ce Climat tout contribue à rendre l’air ouvert et la lumière du jour agréable. Car en d’autres Païs la chaleur insupportable du Soleil en Eté fait qu’on ne sauroit la plus grande partie du jour, ni travailler, ni même prendre l’air ; et les fréquentes pluyes ne sont pas moins incommodes dans des saisons plus tempérées : mais dans cet heureux Climat on voit rarement le Soleil : non que le Ciel y paroisse jamais couvert de sombres nuages : car il n’y a précisément qu’autant de nuages qu’il faut pour cacher le Soleil, et tempérer l’ardeur de ses rayons perpendiculaires, sans obscurcir l’air, ou diminuer en rien la beauté de la lumière. Aussi peut-on travailler chez soi et même à la campagne, toutes les heures du jour ; et cette fraicheur de l’air, qui dans d’autres Climats est quelquefois l’effet des pluyes, n’y manque pas non plus : ce même effet étant produit par les brises qui viennent des Régions plus froides situées vers le Sud. Il y a lieu de supposer qu’une température aussi heureuse est principalement due au voisinage de ces prodigieuses Montagnes, appellées les Andes, qui étant parallèles à la Côte, dont elles sont peu éloignées, et s’élevant beaucoup plus haut qu’aucune autre Montagne, ont sur leur pente une grande étendue de Païs, où, suivant qu’ils sont plus ou moins éloignés du Sommet, on a toutes sortes de Climats dans toutes les saisons de l’année. Ces Montagnes, en interceptant une grande partie des vents d’Est, qui règnent généralement dans le Continent de l’Amérique Méridionale, et en