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de Manille. Ce Navire passoit à Paita pour un très bon Voilier ; et avoit été fuivé depuis peu ; et à ce que croyoient les Prisonniers, devait probablement mettre à la voile le lendemain matin. Ce qu’ils venoient de dire au sujet de la vitesse de ce Navire, à bord duquel l’argent devoit être embarqué, ne nous donnoit presque aucun lieu de croire que notre Vaisseau, qui avoit à peu près été deux ans en mer, fût en état de le joindre, si nous le laissions sortir du Port. Cette considération, jointe à celle que nous étions découverts, et que l’allarme seroit bientôt répandue sur toute la Côte, et qu’ainsi ce seroit fort inutilement que nous continuerions à croiser dans ces Parages, détermina le Commandeur à tâcher de s’emparer de la Place par surprise. Pour réussir dans cette expédition, il s’étoit instruit exactement de la force et de l’état de Paita, et avoit une espèce de certitude, qu’il ne couroit aucun risque d’y perdre du monde. Outre cela, le succès de l’entreprise nous procuroit, non seulement un butin considérable, mais aussi une grande quantité de vivres, dont nous commencions à manquer, et nous donnoit en même tems l’occasion de remettre en liberté nos Prisonniers, qui étoient nombreux, et qui consumoient des provisions, dont nous avions bien besoin pour nous-mêmes. Ainsi plus d’une raison devoit nous engager à tenter la chose. Nous verrons dans le Chapitre suivant quel en fut le succès, et jusqu’à quel point cette expédition répondit à notre attente.