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de ces Arbres. Le Port de Paita, outre ces commodités qu’i procure aux Vaisseaux destinés pour Callao, sert encore de lieu de débarquement aux Passagers, qui vont d’Acapulco et de Panama à Lima ; car comme il est éloigné de deux cens lieues de Callao, qui sert de Port à cette dernière Ville, et qu’on se trouve presque toujours le vent contraire à cette route, le voyage par Mer est extrêmement fatigant et enniueux, on aime mieux faire le Voyage par Terre ; il y a un chemin assez commode, parallèle à la Côte, où on trouve quelques Villages et quelques Gîtes passables.

On voit dans le Plan, que Paita est une Ville toute ouverte, et qui n’est défendue que par le Fort, qui y est marqué (B). Il nous importoit beaucoup d’être exactement informés de l’état de ce Fort : nous examinames donc nos prisonniers sur ce sujet, et ils nous apprirent, que le Fort etoit muni de huit pièces de Canon montées sur leurs affuts, mais qu’il n’avoit ni Fossé ni Ouvrages extérieurs, ni Remparts, n’étant fermé que d’un simple mur de brique ; que la Garnison n’étoit composée que d’une seule Compagnie très foible, mais que la Ville pouvoit fournir outre cela trois cens hommes armés.

Après ces informations, Mr. Anson résolut, comme nous l’avons dit dans le Chapitre précédent, d’attaquer la Place, cette nuit même. Nous étions alors à douze lieues des Côte ; distance suffisante pour n’en être pas découverts, mais pas si grande, qu’en faisant force de voiles, nous ne puissions arriver dans la Baye, avant la nuit. Cependant jugea fort prudemment que nos Vaisseaux étoient trop gros pour n’être pas apperçus de loin, même pendant la nuit ; et qu’à cette vue, les Habitans alarmés transporteroient leurs meilleurs effets plus avant dans le Païs. D’ailleurs la Place n’étoit pas assez considérable pour qu’il fût besoin de toutes nos forces : ainsi il résolut de n’employer que nos Chaloupes à cette expédition. Il commanda donc le Bateau à dix-huit rames, notre Pinasse et celle du Tryal ; et ayant choisi cinquante et huit hommes pour s’y embarquer, il mit à leur tête le Lieutenant Brett, et lui donna les ordres nécessaires. Pour prévenir les contretems et la confusion, qui pouvoient naitre de l’obscurité de la nuit et de l’ignorance des lieux, il ordonna à deux Pilotes Espagnols d’accompagner Mr. Brett, de le mener au lieu de débarquement le plus convenable, et de lui servir de Guides, lorsqu’il seroit à terre. Pour s’assurer d’autant mieux de la fidélité de ces deux Espagnols, dans une conjoncture aussi délicate, Mr Anson assura tous nos Prisonniers, que si ces deux hommes le ser-