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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/232

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un paquet de doubles Pistoles et de Piastres, montant en tout à la valeur de 12000 L. sterlings. Cet argent alloit à Paita, et appartenoit aux mêmes Marchands qui y rassembloient le Trésor, dont nous nous emparames ; desorte que quand cette Barque auroit échappé au Gloucester, elle nous seroit apparemment tombée entre les mains. Outre ces deux prises, les Gens du Gloucester nous dirent qu’ils avoient eu la vue de deux ou trois autres Bâtimens qui leur avoient échapé, un desquels, suivant les avis que nous en avons eus étoit d’une richesse immense.

Après avoir rejoint le Gloucester, nous résolumes de tirer vers le Nord, et de gagner le plutôt qu’il se pourroit le Cap St. Lucas en Californie, ou le Cap de Corientes, sur la Côte du Méxique. A la vérité, dans le tems que nous étions à l’Ile de Juan Fernandez, le Commandeur avoit résolu à part soi, de toucher aux environs de Panama, et de tâcher d’y lier quelque correspondence avec la Flotte commandée par l’Amiral Vernon. Car il est bon d’observer qu’à notre départ d’Angleterre, nous laissames à Portsmouth des Forces considérables, destinées pour les Indes Occidentales, et qui devoient y attaquer quelqu’un des Etablissemens Espagnols. Mr. Anson supposoit que cette entreprise avoit réussi, et qu’il étoit très possible que Porto-Bello fût occupé par une Garnison Angloise : en ce cas, il ne doutoit point qu’arrivé à l’Isthme, il ne trouvât moyen de faire savoir de ses nouvelles à nos Compatriotes postés sur la Côte de l’autre Mer, soit par le moyen des Indiens de ces Quartiers, qui sont assez bien disposés pour nous, soit par celui de quelque Espagnol, qu’on auroit pu gagner par l’appât d’une grande récompense : et cette intelligence une fois établie, rien n’étoit plus aisé que de la continuer. Mr. Anson se flattoit de se voir bientôt ainsi en état de recevoir du renfort par cet Isthme, et en concertant ses opérations avec ceux qui commandoient nos Forces dans la Mer du Nord, de pouvoir se rendre maitre de Panama même. Cette conquête eût mis proprement la Nation Angloise en possession des Trésors du Pérou, ou tout au moins d’un équivalent pour ce que l’Angleterre auroit pu juger à propos d’exiger de l’une ou de l’autre branche de la Maison de Bourbon.

Tels étoient les grands desseins que Mr. Anson avoit formés à l’Ile de Juan Fernandez, nonobstant l’état de foiblesse où son Escadre étoit réduite, et certainement si le succès de notre entreprise dans les Indes Occidentales avoit répondu à l’attente générale, on ne peut disconvenir que ces desseins ne fussent les plus sages qu’on pût concevoir. Mais en examinant les Papiers que nous trouvames à bord du Carmélo, la prémière de