Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/233

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nos Prises, nous vimes que l’attaque de Carthagène avoit manqué, et qu’il n’y avoit раs la moindre apparence que notre Flotte fût en état de former sur ces Côtes, quelque entreprise qui pût favoriser en aucune manière, ce que Mr. Anson avoit projetté ; ainsi il renonça à l’espérance de tirer par l’Isthme, aucun renfort, et par cela même au projet d’aller attaquer Panama : d’ailleurs il n’y avoit nulle apparence de faire des prises à la hauteur de cette Place, puisqu’on devoit probablement avoir mis un embargo sur toute cette Côte.

Tout ce qui nous restoit à faire étoit de gagner au plutôt la pointe Méridionale de la Californie ou la Côte de Mexique voisine, et d’y croiser en attendant le Galion de Manille que nous savions être en route pour Acapulco. Nous ne faisions nul doute de gagner cette croisière à tems ; car ce Vaisseau n’arrive pas à Acapulco avant le milieu de Janvier : nous n’étions qu’au milieu de Novembre, et nous ne concevions pas que cette traversée pût nous couter plus d’un mois ou cinq semaines ; desorte que nous croyions avoir devant les mains, le double du tems dont nous avions besoin. A la vérité, il nous restoit une affaire indispensable à expédier, mais nous nous flattions d’en voir le bout en quatre ou cinq jours, et que notre projet n’en seroit pas retardé, il s’agissoit de faire de l’eau, le grand nombre de Prisonniers que nous avions eus à bord, depuis que nous avions quitté l’Ile de Juan Fernandez, avoit épuisé notre provision, et il ne falloit pas penser à partir pour la Californie, sans avoir suppléé à ce défaut : bien loin de pouvoir remplir nos futailles à Paita, nous n’y avions pas trouvé assez d’eau pour nos besoins journaliers. Après quelques jours de délibération sur le choix d’un lieu propre à faire aiguade ; après avoir consulté les Journaux des Voyageurs qui nous avoient précédés, et avoir examiné nos Prisonniers, nous décidames pour l’Ile de Quibo, située vers l’entrée de la Baye de Panama. Nous avions de bonnes raisons pour faire ce choix. A la vérité, il y a une petite Ile, nommée l’Ile des Cocos, qui étois plus sur notre route que Quibo et où quelques Flibustiers assurent qu’on trouve de l’eau ; mais personne de nos Prisonniers n’en savoit rien, et il parut imprudent de risquer le salut de toute l’Escadre, et nous exposer tous à mourir de soif, sur la foi d’Auteurs dont plus d’une expérience nous avoit appris à nous défier, autant que de ceux qui ont compilé la Légende. D’ailleurs en allant à Quibo, nous n’étions pas sans espérance qu’il ne pût nous tomber entre les mains, quelque Vais-