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CHAPITRE IX


Route depuis Quibo, jusqu’à la Côte de Mexique.


Le jour que nous quittames Quibo, le Commandeur donna de nouvelles instructions aux Capitaines de notre Escadre, leur marquant les rendez-vous où ils devoient se trouver, et les routes qu’ils devoient suivre en cas de séparation. D’abord ces ordres portoient de gagner le plutôt possible la Côte au Nord d’Acapulco, et de reconnoitre la Terre en cet endroit, entre les Latitudes de 18 et 19 degrés ; ensuite de ranger la Côte, à huit ou dix lieues de distance, jusqu’à la hauteur du Cap de Corientes à 20° 20’ de Latitude où l’on devoit continuer à croiser jusqu’au 14 de Février ; ensuite, il falloit gagner l’Ile du milieu des Trois Maries, à 21° 25’ de Latitude, au N. O. vers le Nord du Cap de Corientes, et à vingt-cinq lieues de ce Cap. Si les autres Vaisseaux ne trouvoient point le Commandeur à cette Ile, ils devoient se rendre du mieux qu’ils pourroient à l’Ile de Macao, sur la Côte de la Chine. Ces ordres expédiés nous voguames, dans l’espérance de nous rendre en peu de tems à notre Croisière, car nous ne doutions pas qu’en avançant en haute Mer, nous ne trouvassions les vents alisés. Cependant à notre grand chagrin, nous fumes contrariés pendant près d’un mois, par de violens vents d’Ouest, par des Calmes parfaits, et des pluies excessives, accompagnées d’un air étouffant ; desorte que ce ne fut que le 25 de Décembre, que nous eumes la connoissance de l’Ile des Cocos, qui, suivant notre estime, n’est qu’à cent lieues du Continent ; et nous eumes l’ennui mortel de ne la perdre de vue que cinq jours après. Nous trouvames que cette Ile est à 5° 20’ de Latitude Septentrionale. Il y a un Mondrain élevé dans sa partie Occidentale, qui s’abaisse et va se terminer à une Pointe basse vers l’Est. De cette Ile des Cocos, nous portames à l’Ouest vers le Nord, et nous fumes jusqu’au 9 de Janvier à faire encore cent lieues. Nous nous étions d’abord flattés que les vents inconstans et les tempêtes de l’Ouest, qui nous avoient accueillis, n’avoient pour cause que le voisinage du Continent, et qu’à mesure que nous avancerions en Mer, ils diminueraient et feraient place aux vents alisés : mais voyant que nous nous étions trompés en cela, nous commençames à perdre patience et à desespérer