Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/310

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Considérons, d’un autre côté, les dangers que nous avions à courir, et les obstacles qui pouvoient s’opposer à nos entreprises. Par Mer, nous n’aurions eu aucun Ennemi en tête ; car quand nous serions partis plusieurs mois plutôt, l’Escadre de Pizarro n’auroit pas été prête plutôt qu’elle ne le fut, et n’auroit par conséquent pas eu un voyage plus heureux qu’elle ne l’eut. Maitres du Сhili, nous aurions eu toutes les provisions nécessaires, dans la plus grande abondance, et depuis Baldivia jusqu’à la Ligne, nos Vaisseaux n’avoient aucun danger d’être désemparés, ni nos Equipages de souffrir par les maladies ; car il n’y a pas au Monde, un Climat plus doux ni plus sain. Si nous avions manqué de Gens pour la maneuvre de nos Vaisseaux, tandis qu’une bonne partie de notre Monde auroit été occupée à terre, les Ports dont nous nous serions emparés et les Vaisseaux que nous aurions pris, nous auroient fourni des Recrues : sur quoi j’observerai que les Indiens qui sont le plus grand nombre des Matelots dans ces Mers, sont forts adroits, fort dociles, fort laborieux, et très bons Hommes de Mer рour ces Climats doux et tempérés, quoique peu propres pour des Mers plus orageuses, et pour des Païs plus froids.

On peut inférer de tout ce que je viens de dire, que notre Escadre auroit pu procurer à la Nation, des avantages de la dernière importance, si elle avoit mis en Mer, quelques mois plutôt qu’elle ne fit. Si nos succès, comme il est très probable, avoient fermé à l’Espagne, la porte de la Mer du Sud, ou au moins arrêté le cours des Trésors que le Pérou lui envoie continuellement ; il est certain que tous les soins de la Cour de Madrid eussent d’abord été bornés aux moyens de rentrer en possession de ces riches Païs, par la voie des armes, ou par celle de la Négociation. La prémière de ces voies étoit extrêmement difficile ; il se seroit passé une année entière, avant qu’aucuns Vaisseaux eussent pu gagner la Mer du Sud, et encore suivant les apparences, en mauvais état, séparés, désemparés, et les Equipages ruinés par les maladies, et ils п’auroient plus trouvé de Ports ouverts pour eux, où ils pussent se refaire et se renforcer. Tandis que par l’Isthme de Panama, nous aurions pu recevoir les Provisions, Munitions, Armes & Recrues, dont nous aurions pu avoir besoin, et remettre notre Escadre en aussi bon état, que lorsqu’elle quitta la Rade de Ste. Hélène. En un mot, il ne nous falloit que les secours, dont une prudence commune ne nous pouvoit laisser man-