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que nous jugeames ne pouvoir être attribué qu’à notre plus ou moins de distance du lieu où ils faisoient leur séjour.

Le vent alisé resta favorable, sans la moindre variation, depuis la fin de Juin vers la fin de Juillet. Mais le 26 de ce mois, que nous étions suivant notre estime, environ à trois cens lieues des Iles des Larrons, le vent tourna à l’Ouest, et ne revint à l’Est qu’au bout de quatre jours. Ce fâcheux contretems nous fit perdre tout-à-coup l’espérance de sortir bientôt de peine ; d’autant plus qu’il fut accompagné d’un nouveau malheur pour le Gloucester : car durant un de ces quatre jours, il fit un calme tout plat, et les Vaisseaux essuièrent de si violens roulis, que le Chouquet du Mât de misaine du Gloucester se fendit, et que son Mât de Hune non seulement tomba de côté, mais cassa aussi la vergue de misaine au racage. Comme il étoit impossible au Gloucester de porter des voiles de quelque tems, nous fumes obligés, dès que le vent commença à fraichir, de le prendre à la toue, et une vingtaine des plus sains et des plus vigoureux de nos Gens, quelque besoin que nous en eussions, passèrent à bord de ce Vaisseau, et travaillèrent pendant huit ou dix jours à réparer le dommage qu’il venoit de recevoir. Mais quelque desagréables que ces accidens pussent nous paroitre, nous devions en éprouver de bien plus tristes encore.

A peine le Gloucester étoit-il réparé, que nous essuiames une tempête, venant de l’Ouest, qui nous obligea de mettre à la cape. Au commencement de cette tempête, il se fit à notre Vaisseau une ouverture, par laquelle l’eau entra en si grande quantité, que tout notre monde, et les Officiers mêmes, furent dans la nécessité de tenir continuellement les pompes en action : et le jour suivant nous eumes le chagrin de voir de nouveau à bas le Mât de Hune du Gloucester. Un instant après, le même malheur arriva à son grand hunier qui lui tenoit lieu de grand Mât depuis que le dernier avoit été coupé. Ce malheur nous parut absolument sans remède : car nous savions que l’Equipage du Gloucester étoit si foible, qu’il ne pouvoit se passer de notre secours ; et le nombre de nos Malades se trоuvoit tellement augmenté, et ceux d’entre nous, qui se portoient bien, étoient si fatigués du travail des pompes, qu’il y avoit à notre égard une impossibilité absolue de les secourir. D’ailleurs, nous ignorions encore une partie des maux du Gloucester, et de l’état déplorable de son Equipage ; car quand la tempête, qui, tant qu’elle dura, nous ôta toute communication avec ce Vaisseau, commença à se calmer, le Gloucester nous joignit ; et le Capitaine Mitchel apprit au Commandeur,