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cette fois, nous vuidames le Magazin des Canoniers, qui est à l’avant du Vaisseau et fimes transporter cent trente barils de poudre à bord de la petite Barque Espagnole, que nous avions prise en arrivant à Tinian. Par ce moyen notre Vaisseau se releva environ trois pieds hors de l’eau à la proue, et les Charpentiers défirent le vieux doublage plus bas et s’y prirent pour le reste comme ils s’y étoient pris la première fois. Supposant alors la voye d’eau bien bouchée, nous recommençames à remettre nos Canons à leur place ; mais aussitôt que ceux du second pont eurent été remis, l’eau se rouvrit une voye, et rentra à l’ordinaire. Comme nous n’osions pas défaire le doublage en dedans, de peur que le bout de quelque planche ne vînt à s’échapper, ce qui ne pouvoit arriver sans que nous allassions à fond dans l’instant même, il ne nous resta d’autre ressource que de calfater en dedans du Vaisseau ; et par ce moyen la voye d’eau fut bouchée pour quelque tems ; mais quand nos Canons eurent été remis à leur place, et que nous eumes repris nos barils de poudre à bord, l’eau rentra de nouveau par un trou à l’endroit de l’une des chevilles de l’Eperon. Nous jugeames alors, que toutes les peines, que nous nous étions données, étoient inutiles, le défaut étant dans l’Eperon même, et que pour y remédier, il falloit attendre qu’il y eût moyen de mettre notre Vaisseau à la bande.

Vers la Mi-Septembre, plusieurs de nos Malades furent passablement rétablis par le séjour qu’ils avoient fait à terre. Le 12 de ce même mois tous ceux, qui se trouvoient en état de maneuvrer, furent envoyés à bord du Vaisseau : et alors que le Commandeur, qui étoit lui-même attaqué du Scorbut, se fit dresser une tente sur le rivage, où il se rendit dans le dessein d’y passer quelques jours, étant convaincu par l’expérience générale de tout son Monde, qu’on ne pouvoit employer avec succès aucun autre remède contre cette terrible maladie. L’endroit, où sa Tente fut dressée à cette occasion, étoit près du puits, qui nous servoit d’Aiguade, et est un des plus charmants endroits qu’on puisse imaginer. Nous en avons déja donné une vue sous le titre d’Aiguade, où (b) marque la Tente du Commandeur, et (d) le puits où nous faisions de l’eаu.

Comme l’Equipage à bord du Vaisseau venoit d’être renforcé par ceux que leur séjour dans l’Ile avoit rétablis, nous commençames à envoyer nos futailles à terre pour y être remplies, ce qui n’avoient pu se faire jusqu’alors, à cause que les Tonneliers n’avoient pas été en état de travailler. Nous levames аussi nos ancres, pour examiner nos cables, que