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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/349

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exacte de ce qui leur restoit à faire, et étoient tellement maîtres de la chose, qu’ils pouvoient marquer exactement quand le tout seroit fini. Aussi le départ fut-il fixé au 5 de Novembre. Mais leurs travaux devoient être terminés plutôt, et plus heureusement ; car l’après-midi de l’11 Octobre, un des Gens de l’Equipage du Gloucester étant sur une hauteur au milieu de l’Ile, appercut le Centurion dans l’éloignement, et courant de toutes ses forces vers l’endroit de débarquement, il vit, en chemin faisant, quelques-uns de ses Camarades, auxquels il cria comme en extase, le Vaisseau, le Vaisseau. Mr. Gordon, Lieutenant de Marine, jugeant par la manière, dont cette nouvelle étoit annoncée, qu’elle devoit être vraie, courut vers l’endroit où le Commandeur et son monde étoient à l’ouvrage, et étant frais et en haleine, devança aisément l’homme du Gloucester, et aborda avant lui Mr. Anson. Celui-ci, à l’ouie d’une nouvelle si heureuse et si peu attendue, jetta à terre sa hache, avec laquelle il travailloit actuellement ; et la joie, qu’il ressentit, altéra en lui, pour la première fois, cette parfaite égalité d’âme qu’il avoit conservée jusqu’alors. Tous ceux, qui se trouvoient avec lui, coururent vers le rivage avec des transports difficiles à imaginer, voulant repaître leurs yeux d’un spectacle si ardemment souhaité, et qu’ils avoient déja compté depuis longtems ne jamais voir. Vers les cinq heures du soir, tout le monde, sans exception, apperçut le Centurion en pleine Mer ; et une Chaloupe, chargée de dix-huit hommes de renfort, et de divers rafraichissemens pour l’Equipage, lui ayant été envoyée, il mouilla heureusement le lendemain après-midi à la Rade, où le Commandeur se rendit aussitôt à bord, et fut reçu avec les acclamations de joie les plus sincères et les plus éclatantes : car on pourra juger par le récit abrégé, que nous allons donner, de nos craintes, aussi bien que des dangers et des fatigues que nous essuiames, durant nos dix-neuf jours d’absence de Tinian, si un Port, des rafraichissemens, du repos, et le plaisir de revoir notre Commandeur, et nos Compagnons de voyage, durent être moins agréables pour nous, que notre retour le fut pour eux.