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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/35

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devoit prendre à bord, qu’il lui manquoit trois cens Matelots, qu’il n’avoit pu obtenir malgré toutes ses sollicitations, le Chevalier Wager lui avoit dit, que l’Amirauté avoit dépéché un ordre au Chevalier Norris de lui fournir le nombre de Matelots qui lui manquoit. Mais en arrivant à Portsmouth, il se trouva étrangement trompé dans son attente : car s’étant adressé au Chevalier Norris, il en reçut pour réponse, que bien loin de pouvoir lui fournir des Matelots, il en avoit besoin lui-même pour sa propre Flotte. Ce contretems produisit un retardement considérable ; car ce ne fut qu’au mois de Juillet qu’on lui fournit une partie du monde qu’il lui falloit. L’Amiral Balchen, qui prit le commandement de la Flotte à Spithead, après le départ du Chevalier Norris, au lieu de trois cens Matelots, dont Mr. Anson avoit besoin, ne donna pour l’Escadre que cent soixante et dix hommes, dont trente-deux sortoient de l’Hopital. Il y en avoit trente-sept autres du Salusbury, avec trois Officiers du Régiment du Colonel Lowther, et quatre-vingt-dix-huit Soldats de Marine.

Ce désagrément ne fut pourtant pas le dernier que le Chef d’Escadre eut à essuyer. Nous avons marqué ci-dessus, que le Régiment du Colonel Bland, et trois Compagnies Indépendantes, chacune de cent hommes, devoient servir comme Troupes de débarquement à bord de l’Escadre. Mais on trouva bon de changer cet arrangement, et toutes les forces de terre se réduisirent à cinq cens Invalides, externes de l’Hôpital de Chelsea. Comme ces gens sont des Soldats, que leur âge, leurs blessures, ou d’autres infirmités, rendent incapables d’aller en campagne et même de faire le service ordinaire des Régimens, Mr. Anson fut vivement touché d’un pareil choix ; car il étoit pleinement persuadé, que la plupart périroient longtems avant que d’arriver à l’endroit où il faudroit agir, parce que les délais, qui étoient survenus à différentes reprises, l’obligeroient à doubler le Cap Horn dans la saison la plus orageuse de l’année. Le Chevalier Wager se joignit à Mr. Anson pour représenter que des Invalides n’étoient nullement propres à un exploit Militaire, et sollicita fortement qu’on donnât d’autre monde ; mais on répondit que des personnes, qui se connoissoient mieux en Soldats que lui et Mr. Anson, jugeoient que des Invalides étoient tout ce qu’on pouvoit choisir de mieux en cette occasion. En vertu de cette décision, ils eurent ordre de se rendre à bord de l’Escadre le 5 d’Aout. Mais au lieu de cinq cens, il n’en arriva que deux cens cinquante neuf, tous ceux qui avoient assez de jambes, ou du moins assez de forces pour sortir de Portsmouth, ayant déser-