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le soupçonna de s’entendre avec les Marchands Chinois, qui avoient laissé voir une grande appréhension, que le Commandeur n’entrât en liaison directe avec le Viceroi. Mr. Anson reprit donc la Lettre des mains du Hoppo, avec quelques marques d’indignation, en lui disant qu’il alloit l’епvoyer sur le champ, par un des Officiers, dans sa propre Chaloupe, avec ordre exprès de ne pas revenir sans une réponse du Viceroi. Le Hoppo voyant que le Commandeur le prenoit sur un ton très sérieux, et craignant de se charger des suites de son refus, redemanda la Lettre, et promit de la faire tenir et d’en procurer réponse le plutôt qu’il se pourroit. Il parut alors que Mr. Anson avoit fort bien jugé des manières d’agir les plus convenables avec les Chinois ; car dès le 19 de Décembre, au matin, un Mandarin du prémier rang, et Gouverneur de la Ville de Janson, accompagné de deux Mandarins d’une classe inférieure, et d’une nombreuse suite d’Officiers et de Domestiques, vint sur une Escadre de dix-huit demi Galères, décorées de Pavillons et de Flammes, bien fournies de Musique, et chargées de monde, et fit jetter le Grapin à l’avant du Centurion. Le Mandarin envoya dire au Commandeur, qu’il avoit ordre du Viceroi de Canton, d’examiner l’état de notre Vaisseau ; et qu’il prioit qu’on lui envoyât la Chaloupe, pour l’amener à notre Bord. La Chaloupe partit sur le champ, et on prépara tout pour la réception de cet Officier. On revêtit cent de nos meilleurs Hommes, des uniformes des Soldats de la Marine, on leur fit prendre les armes, et on les rangea sur le Tillac. A son entrée dans le Vaisseau le Mandarin fut reçu au bruit des Tambours et de toute la Musique guerrière que nous avions ; et passant devant notre Corps de Troupes, de nouvelle création, il fut reçu sur le demi-pont, par le Commandeur qui le conduisit dans la grande Chambre. Là le Mandarin déclara sa commission, et dit que ses ordres portoient d’examiner la vérité des points, contenus dans la Lettre du Commandeur au Viceroi ; et en particulier l’article de la voie d’eau, et que pour cet effet, il avoit amené deux Charpentiers Chinois. Il ajouta que, pour mettre plus d’ordre et d’exactitude dans son rapport, il avoit mis chaque article à part sur le papier, en laissant à côté une marge suffisante, pour y pouvoir écrire les éclaircissemens et les observations relatives à chaque point.

Ce Mandarin paroissoit un homme de sens, et d’un caractère ouvert et généreux, qu’on ne trouve pas ordinairement dans les Chinois. Après les informations prises et l’examen fait, sur-tout à l’égard de la voie